[VS4] Victorieuse défaite

Savoir transformer les circonstances négatives en situations positives,
savoir faire le mort devant un grand danger,
comme les renards devant l'homme, sont deux des secrets.

Savoir perdre pour mieux gagner ou donner pour mieux recevoir ou s'abandonner pour mieux agir est la marque des grands stratèges de la survie.

Parfois le vent attise le feu,
parfois le feu s'éteint dans l'eau,
parfois l'eau s'efface devant le vent.

Parfois le vent éteint le feu,
parfois le feu évapore l'eau,
parfois l'eau terrasse le vent.


- Hey, June! T'as voulu nous suivre, alors tu pourrais au moins nous écouter!

Rougissant légèrement, je reposai la tablette que je tenais en main afin de reporter mon attention sur les éclaireurs qui étaient de retour.

- Comment ça se présente?
- Mal, très mal. Les Impériaux sont en surnombre et ils marchent droit vers le campement!

Silence de mort sous la tente. Regards inquiets.

- Combien... ?
- À vue de nez, je dirai qu'ils ont environs le double de soldats par rapport à nous.

Grincements de dents. Grognements désapprobateurs.

- Et bah, on n'a plus qu'à prier Tensess et à attendre un miracle, railla quelqu'un dans l'assistance.
- Préparer vos armes et tenez vos positions. Ils arrivent.

Et, en effet, nous entendions déjà un bourdonnement confus, comme un essaim d'abeilles. Des abeilles vénéneuses et hargneuses. Le bourdonnement d'une armée.

Le campement était situé en hauteur d'une petite dizaine de mètres, surplombant une vallée étroite. Une petite rampe assurait la liaison entre les deux niveaux, constituant ainsi le seul accès au campement.
Et déjà les ennemis étaient bien en vue, de grosses brutes épaisses précédant d'inquiétants incantateurs. Et ils continuaient d'approcher, inexorablement...

Je surpris le regard désapprobateur de l'un de mes compagnons d'armes. Il était en colère et il avait raison: j'étais une calamité en combat, d'autant plus que je manquais cruellement d'expérience comparé à ces guerriers aguerris. Je m'étais montré stupide en insistant pour accompagner mes amis sur le champ de bataille: tout ce que je savais faire, c'était maudire les araignées du jardin et empoisonner les serpents. Je leur était inutile...

Inutile. Et les impériaux étaient tout près. Inutile.

Inutile?

- Ne lancez pas l'attaque avant mon signal! lançai-je en me levant d'un bond. C'est bien compris?
- Junhime, mais qu'est-ce que tu fous?! Reviens!

Mais j'avais déjà sauté par-dessus la frêle clôture du camp et me tenais face aux ennemis qui me regardaient d'un drôle d'air, étonnés de voir une ridicule petite elfe atterrir sous leur nez.

Il y eut quelques secondes de flottement que je mis à profit en dressant mes protections mentales, puis un orc se détacha du groupe et s'approcha de moi, d'abord lentement, puis en courant jusqu'à atteindre ma hauteur et me décocher un coup de dague. Malgré la douleur, je me maîtrisai et tâchai de ne pas réagir, me contentant de vérifier du coin de l'œil que les liguiens restaient bien à leur place.

Devant mon inactivité, d'autres impériaux se dirigèrent vers moi, visiblement ravis de commencer par une cible si facile. Je voyais leurs sourires carnassiers et leur excitation grandissante, tandis que derrière moi je devinais le malaise de mes alliés, déconcertés. Je serai les dents, encaissant les coups patiemment pendant que mes adversaires approchaient, approchaient.

Ils étaient suffisamment près.

Dégainant rapidement mon bâton ensorcelé, je me mis à injecter mes plus noires maladies à tous les ennemis à ma porté, maudissant, contaminant, empoisonnant tout ce qui bougeait. J'avais bien conscience que seuls les plus faibles décèderaient de mes sortilèges; mais au moins avais-je réussi à créer un mouvement de panique dans les rangs d'ordinaire si disciplinés de l'armée impériale.

Les liguiens comprirent que c'était le signal, et ils profitèrent de la confusions générale pour sortir du campement et lancer le contre-assaut. Je m'amusais de cette vision, chaque impérial fuyant ses propres alliés pour tenter d'éviter la propagation du virus. Pourtant, ma situation n'était pas bien glorieuse: j'avais plusieurs adversaires contre moi, et mes chances de survies avoisinaient le zéro.

J'eus toutefois une immense satisfaction: ma dernière vision fut celle de l'orc qui m'avait attaqué en premier, enfiévré, courir vers un groupe de soigneur, prêt à partager l'épidémie que je lui avais inoculé...
Savoir perdre pour mieux gagner.

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