[VS4] Haine des gibberlings.



"Savoir transformer les circonstances négatives en situations positives,
Savoir faire le mort devant un grand danger,
comme les renards devant l'homme, sont deux des secrets.

Savoir prendre pour mieux gagner ou donner pour mieux recevoir
ou s'abandonner pour mieux agir est la marque des grands stratèges de la survie.

Parfois le vent attise le feu,
Parfois le feu s'éteint dans l'eau,
Parfois l'eau s'efface devant le vent.

Parfois le vent éteint le feu,
Parfois le feu évapore l'eau,
Parfois l'eau terrasse le vent."


Nord d'Asee Teph par une nuit d'été.
Autant les journées étaient chaudes et humides, autant les nuits étaient glaciales et cristallines.
Pour une fois, l'Arisen était heureux de sa condition de réanimé, qui le rendait bien moins sensible aux rigueurs du climat. Fixant la tablette d'un air distrait, Eskarioth se relaxait près d'un feu, dans un camp de franc-marchands situés non loin de la ville morte de Kotick. Distrait, car il ne pouvait pas s'empêcher de jeter à intervalles réguliers un regard méfiant à la famille de gibberlings assis non loin de là, l'observant avec de grands sourires.

"Fichues boules de poil" pensa-t'il. Certes ceux-ci étaient des francs-marchands, certes ils lui avaient proposé de la nourriture, chose que le zem avait accepté à contrecoeur, avec l'invitation appuyée d'un de ses frères de race et de l'orc. A eux cinq, ils formaient un bien étrange commerce. Eskarioth se replongea dans sa lecture, fronçant les sourcils derrière son masque : Il ne tarda pas à faire un lien entre le nouveau verset et ce qu'il avait vécu la veille...

Si il y a bien une chose que le Zem avait appris avant de rentrer dans l'armée impériale, c'est qu'il y avait une catégorie d'individus qu'il devait à tout prix éviter de combattre : Les psioniques. Ces êtres étaient le fléau des mages. Ces derniers ne se reposant que sur leur intellect pour attaquer et se défendre, ils apparaissent comme particulièrement vulnérables face à ceux qui étaient capables d'influencer le psychisme des autres. Il y a encore peu, l'Arisen s'estimait heureux d'être du côté impérial, qui comptait la plus grosse concentration de psioniques de tous les allods connus. A l'inverse, les kaniens et les elfes n'avaient aucune affinité pour ce genre de talents. Le sorcier se croyait donc à l'abri de toute mésaventure psychique... Mais le destin allait lui donner tord.

Ce fut lors d'une mission visant à saboter les efforts diplomatiques entre la ligue et le peuple Lamia qu'Eskarioth rencontra son pire cauchemar : Alors qu'il regardait avec dépit le sang qui avait aspergé sa toge - décidément ce diplomate n'avait pas su mourrir proprement - le Zem entendit des couinements et des piaillements en provenance d'un buisson. Incantant une boule de feu dans sa main, il attendit. Se décidant enfin à sortir, trois gibberlings gesticulant et sautillant apparurent devant lui.

"Gni. Gniii. Gni gni !"

Soupirant, l'Arisen pointa du doigt la boule incandescente dans son autre main, puis désigna les trois poilus, leur faisant clairement comprendre que si ils ne partaient pas très vite, ils auraient le poil roussi, voire pire. Au lieu de rebrousser chemin, les trois gibberlings se mirent à piailler de plus en plus fort, arborant maintenant tous trois un rictus cruel, leur yeux se nimbant d'une lueur bleuté.

Comprenant - trop tard - ce qui était en train de se passer, Eskarioth lança brusquement la boule de feu sur le trio. La déflagration, trop proche, le fit reculer et vaciller. Sans même regarder le résultat, l'Arisen tourna les talons et s'apprêtai à se téléporter à distance raisonnable... Lorsque ses mouvements devinrent atrocement lents. Le sort qu'il avait l'habitude d'incanter en un battement de coeur semblait mettre une éternité à prendre effet. Alors qu'il pesta intérieurement, le sorcier entendit derrière lui un cri strident qui aurait pu être interprété comme un cri de guerre de gibberlings.

"Gniiihiiihiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!"

Bondissant en dehors des flammes, les trois maudites peluches semblaient presque voler dans sa direction. Le plus alarmant dans tout ça, c'est qu'elles semblaient n'avoir été aucunement victime des effets de son sort.

"Par les couilles de Nezeb ! Il a fallu que je tombe sur des saloperies de boules de poil aux pouvoirs psy !"

S'apprêtant à faire face en désespoir de cause en préparant une poigne électrique, l'Arisen serra brusquement les dents lors que des vagues de douleur submergea son esprit. Son sort atteignit néanmoins l'un des trois avortons pris de frénésie, voyant les poils de ce dernier se hérisser dans tous les sens. Il en aurait ri si la situation n'était pas aussi critique, et si la douleur ne s'était pas brusquement intensifiée. Titubant, Eskarioth essaya de battre en retraite dans une direction bien précise. Encore quelques mètres et...

La vue de l'Arisen se brouilla. Puis il s'effondra, terrassé par une nouvelle vague psychique lancée par ses adversaires. Les gibberlings ne mirent pas longtemps à rejoindre le corps du vaincu, commençant à entamer une danse de la victoire sur la dépouille du Zem.

"Gnar Gnar Gnar... Gnagnar !
- Gna. Gnagna ? GNAR !
- Gnagnagnarrgllll !?..."

L'un des trois gibberlings, celui qui semblait être le chef, venait de finir son piaillement surpris dans un gargouillis lorsqu'une main de fer l'avait brusque attrapé à la gorge. Sans attendre la réaction des deux autres, le sorcier les bouscula, se mettant à genoux. Puis, prenant un peu de recul, il lança du mieux qu'il put le gibberling qu'il tenait dans la main vers un tronc d'arbre situé à une demi-douzaine de mètre de là. Le vol plané du gibberling fut magistral.

"Gnnnaaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr...."

Suivi d'une déflagration.
Si Eskarioth n'avait pas réussi à battre en retraite jusqu'au piège de flammes qu'il avait posé pour une situation d'urgence, il avait pu au moins y envoyer un de ses adversaires. Des hurlements et des couinements lui parvinrent, lui indiquant que, cette fois, les flammes avaient fait mouche. En vérité, le sorcier s'était douté de quelque chose du genre : un gibberling pour attaquer, un pour défendre, un pour perturber l'adversaire... Aucune nouvelle attaque psychique ne venant, l'Arisen sourit intérieurement, se félicitant d'avoir fait le bon choix. Les deux gibberlings restaient là à le fixer d'un air abasourdi.

"Stupides boules de poil. Tellement fières d'avoir cru me vaincre aussi facilement, elles n'ont même pas eu la jugeote de le vérifier de manière psychique, se fiant uniquement aux apparences. Comme si un Arisen n'avait pas eu le loisir d'apprendre à faire le mort durant ces derniers millénaires ! Un psionique impérial ne se serait jamais fait prendre à un piège aussi grossier !"

L'Arisen faillit perdre l'équilibre à nouveau. Regardant tour à tour les deux gibberlings le fixant toujours, un seul semblait concentré. La femelle. Voilà celle qui perturbait. Faisant un bon maladroit, Eskarioth réussit néanmoins à lui attraper une patte. N'attendant pas qu'elle arrive à se libérer de son emprise, le Zem la ramena brutalement vers lui et lui enfonça le visage dans une flaque de boue à ses pieds. Elle se débattit de toutes ses forces, sans succès. Que pouvait-elle faire face à un Arisen faisant plus de deux mètres de haut ?

Le sorcier dégaina son couteau de chasse - un cadeau d'un estimé collègue orc - le pointant vers le dernier gibberling, lui indiquant clairement que si il comptait maintenant l'attaquer dans un combat au contact, il allait y laisser des poils.

Impuissante, la peluche restante montra les crocs, une expression rageuse sur le visage, des larmes perlant aux coins de ses yeux. Il vociféra quelque chose dans son langage - probablement qu'il reviendrait, que sa vengeance serait terrible, et tout un tas d'autres choses de ce genre - avant de s'enfuir de toute la vitesse de ses courtes pattes dans la végétation luxuriante d'Asee Teph. La femelle ayant cessé de remuer, l'Arisen se releva cette fois de toute sa hauteur, se sentant lasse et épuisé comme rarement.

Il soupira.
Décidément, Tensess l'avait vraiment à la bonne...

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